EDITO
Chers lectrices et lecteurs, pour célébrer le mois de Janus, symbolisant la transition du passé vers le futur, j’aurais pu, sournoisement et paresseusement, accorder du repos à mes neurones en confiant la rédaction de mon 108e édito à l’outil du futur : l’Intelligence Artificielle.
Cette fameuse IA que j’ai choisi d’évoquer en rappelant préalablement que je ne suis pas un contemporain de la lampe à huile et de la plume d’oie. Soyez rassurés, il n’est pas dans mon intention de revêtir l’habit de procureur pour dénoncer ou accabler l’Intelligence « artificielle », formidable progrès technologique appelé à rendre de multiples services à l’Humanité tout entière. Mais on ne m’empêchera pas, non plus, d’endosser la robe d’avocat pour plaider la cause de l’Intelligence « naturelle », basée sur l’humain et son libre arbitre, menacée par une invention géniale dont on ne mesure pas complètement les effets directs ou collatéraux.
Dans le domaine de l’emploi, on n’a pas envie de voir émerger des officines de recrutement profitant de l’aubaine et prêtes à dissimuler leurs insuffisances derrière l’IA et ses robots dans le rôle de prothèses ou d’exosquelettes rassurants. De toute évidence, il semble que nous assistions à un véritable basculement du monde et peut-être à l’avènement d’une nouvelle ère des Lumières. Rien ne sera plus comme avant avec cette invention dont on ignore encore l’étendue des applications, mais qu’il faudra surtout considérer comme un outil d’aide à la création pour les uns ou à la décision pour les autres.
Il devra bien sûr s’autoréguler et l’éthique de ses algorithmes devra protéger la vie privée et proscrire les risques de discriminations. L’IA nous promet la fin des tâches répétitives, mais ne faut-il pas d’ores et déjà s’interroger quant à l’impact sur les centaines de milliers de postes menacés à moyen ou long terme ? Je pense notamment aux banques, assurances, centres d’appels, éducation, conseils juridiques, gestion-comptabilité, médical, art, etc. Et pourquoi pas France Travail aussi ? Est-ce de la science-fiction que d’imaginer que l’IA sera la future prescriptrice pour l’AJR ?
Oui, le progrès est en marche, et nos accompagnants devront et sauront, comme toujours, s’y adapter. Puisque c’est le moment des vœux, je souhaite à tous nos filleuls d’être les heureux bénéficiaires d’une cohabitation fructueuse et équilibrée entre la technologie impersonnelle et le jugement humain fait d’expertise et d’intuition.
Bonne et heureuse année à tous et bon anniversaire à l’AJR pour ses 24 ans !
Jean-Louis SARAUDY
Co-président de l’AJR