EDITO
L’épidémie de Covid a profondément changé le rapport au travail. Aujourd’hui, les salariés cherchent du sens dans l’emploi qu’ils occupent.
Certains n’hésitent pas à démissionner ou à enclencher une rupture conventionnelle sans même avoir un nouveau travail en perspective. Ils savent ce qu’ils ne veulent plus faire, mais pas encore vers quels emplois ou domaines d’activité se tourner. Pour d’autres, c’est un licenciement qui a remis en cause 20 ou 30 ans de carrière professionnelle, d’équilibre, même s’ils n’éprouvaient plus de plaisir dans le poste occupé. Face à cette situation contrainte, l’envie de faire autre chose se dessine.
Que cette période d’inactivité soit subie ou non, les mêmes questions se posent : que suis-je capable de faire ? Ne suis-je pas trop vieux pour envisager cette reconversion ? Certains, à la manière des écrivains en panne d’inspiration, se retrouvent face à une page blanche. Pour d’autres c’est l’opposé : ils fourmillent d’idées très différentes et s’éparpillent dans leurs recherches, multiplient les envois de lettres de motivation et de CV en se disant pourquoi pas moi. Les refus successifs des employeurs vont petit à petit écorner leur confiance en eux.
Nous, les bénévoles de l’AJR, avons notre rôle à jouer dans cette quête d’une nouvelle orientation. En effet, tant que le projet professionnel ne sera pas clairement défini, il ne sera pas possible d’établir un CV pertinent. Or la pression, qu’elle soit sociale ou familiale, fait que les personnes ressentent un sentiment d’urgence à retrouver rapidement un CDI. Lorsque nous évoquons la nécessité de prendre le temps de poser les choses, nous pouvons lire de la déception dans le regard de certains. Ce que nous devons alors faire toucher du doigt à ces personnes désireuses de retrouver une vie sociale, c’est que ce temps, passé à mettre en avant les envies, les centres d’intérêt, les compétences transférables, va leur permettre de gagner du temps et d’être ensuite plus efficaces dans leurs recherches d’emplois. Elles pourront ainsi convaincre le recruteur de leur motivation et de leurs capacités à occuper le poste proposé.
En résumé, une reconversion professionnelle se réfléchit mais elle est tout à fait possible quel que soit son âge, son niveau d’études, son passé professionnel. Prendre le temps nécessaire à cette réflexion ne signifie pas forcément allonger le délai pour retrouver un emploi.
Le nombre de réorientations réussies augmente parmi les personnes accompagnées par les bénévoles qui doivent mobiliser toute leur énergie et leur « professionnalisme » pour parvenir à une issue positive.
Je conclurai par cette maxime d’Antoine de Saint-Exupéry : « L’impossible recule toujours quand on marche vers lui ».
Nadine URBANSKI
Vice présidente de l’AJR