EDITO
« Alors toujours pas de boulot ? Rien de neuf ? Ça fait combien de temps déjà que tu es au chômage ? Et le moral, ça va ? Ça ne doit pas être facile tous les jours. C’est bizarre, car on dit qu’il y a beaucoup d’offres actuellement. Est-ce à cause de tes prétentions, de ton âge ? »
Qui de nos filleuls n’a jamais entendu l’une de ces phrases ? Bien sûr que ce n’est pas dit méchamment, bien sûr qu’il n’y a pas de volonté de blesser, de stigmatiser, mais ces remarques peuvent faire très mal. Répondez-leur que vous cherchez bien du travail et que vous leur ferez signe quand vous aurez trouvé.
Non, le chômage n’est pas une maladie honteuse, non, vous n’avez pas un statut inférieur ! Cet épisode traumatique de la vie qu’est la perte d’emploi est la cause de multiples dégâts collatéraux : risque de rupture d’équilibre de la cellule familiale censée jouer un rôle protecteur, sentiment d’être dévalorisé, voire invisible. Basculement vers une forme de résignation, repli sur soi, isolement et perte de confiance, autant d’hypothèques qui limitent la capacité à rebondir pour retrouver le chemin du travail.
Pour en être témoin depuis dix-huit ans, je confirme qu’il est difficile pour nos filleuls d’évoquer cette situation sans émotion, ce qui est très normal. Je leur conseille donc de se donner du temps pour tourner la page, prendre du recul et apaiser les sentiments qu’ils éprouvent, que ce soit de l’injustice envers leur ancien employeur, de la nostalgie à l’évocation de l’emploi perdu, ou de la colère contre eux-mêmes.
De toute façon, il faudra cesser de culpabiliser. Ainsi, vous pourrez mieux vous préparer psychologiquement à un nouveau départ professionnel, à trouver les mots justes le jour de l’entretien d’embauche et éviter de vous enliser dans vos frustrations, ce qui serait fortement préjudiciable à votre crédibilité.
Dans votre situation, le soutien moral nécessaire ne peut pas, naturellement, être apporté par les acteurs officiels de l’emploi, dont ce n’est pas la mission, ni par votre environnement personnel qui peut manquer d’objectivité. Le soutien viendra du parrain ou de la marraine qui vous accompagne et dont les armes principales sont l’écoute, la bienveillance, l’empathie et l’absence de jugement. Si on y ajoute les ateliers collectifs, la sophrologie et le réseau interne créé avec les autres filleuls, vous disposerez d’un bouclier anti-isolement efficace.
Ainsi, la dimension humaine du parrainage pratiqué à l’AJR trouvera sa pleine expression pour que la confiance n’ait plus qu’un seul visage : le vôtre !
Jean-Louis SARAUDY
Co-président de l’AJR